L'Agence Sida a élaboré un plan-guide triennal1 pour la période 1996-1998 qui contient les axes et les éléments stratégiques en matière de lutte contre le SIDA. Par ailleurs, une brochure fait l'état des lieux des indicateurs disponibles en CFB2 . Toutefois, on ne trouve pas d'objectifs quantifiés de résultats, de processus ou de service en cette matière. Les objectifs qui suivent sont donc le résultat d'une exploitation des matériaux de l'agence SIDA et de l'IHE3 et n'en sont pas extraits comme tels.
Nous ne retenons pas le nombre de nouveaux cas diagnostiqués de SIDA, car cet objectif est moins réactif et moins sensible; son avantage marginal par rapport à l'incidence du HIV est faible dans le cadre d'une politique de prévention .
Le plan de l'Agence Sida est un exemple fort intéressant de stratégie dans un secteur spécifique de la santé. Nous retiendrons des objectifs d'attitudes/comportements à l'égard des personnes contaminées, pour ses vertus de pilotage en matière d'inéquité en santé : celle relatives aux discriminations abusives dont souffrent les personnes infectées par le virus HIV.
Hépatite
Seule létude américaine « Healthy People 2000 » donne des objectifs quantifiés pour cette catégorie (en terme dincidence globale et de couverture vaccinale pour des groupes à risques). Au vu des données fournies par le réseau des médecins vigies4 , ces objectifs (e.g. incidence pour lhépatite B de 40/100.000105) sont globalement atteints pour la Belgique, tant en ce qui concerne lincidence pour 1991-1992 que pour la tendance évolutive entre 1982-84 et 1991-92. Lhépatite B, qui donne le plus de complications, na quune incidence de 6/100.000 (IC 95% : 4-10) en 1991-92. De plus, lhépatite est principalement un problème pour certains groupes à risques (toxicomanes, comportements sexuels à risques, voyages, ...) pour lesquels nous ne disposons pas encore dindicateurs de suivi. Cependant, vu les complications de lhépatite B, les experts de la vaccination et du comité dirigeant le programme de vaccination 1996 ont proposé un plan de vaccination contre lhépatite B pour les jeunes enfants et les pré-adolescents. Ce plan a été approuvé par la Communauté Française. Un taux de vaccination de 95% ayant été proposé, nous retiendrons cet objectif dans notre tableau de bord.
Tuberculose : les objectifs relatifs à la tuberculose sont traités par ailleurs (voir 7.2, page 104).
Infections respiratoires aiguës (IRA : grippe, pneumonie, etc.) :
Limportance de ce groupe de pathologies est généralement reconnue (voir voir 7.2, page 104).
Pour ce qui est de la grippe, nous proposons deux objectifs reconnus.
Bien que repris dans HP2000105, la vaccination contre les pneumocoques pour les personnes de plus de 65 ans na pas été retenue actuellement dans ce tableau de bord. Même si cette vaccination est actuellement recommandée en Begique, principalement pour les personnes de plus de 65 ans souffrant de maladies chroniques ou vivant en institution5 , nous manquons de données pour proposer un objectif et pour construire un indicateur fiable (incidence, mortalité, taux de vaccination).
MST (non traitées ailleurs) : citons, pour leur sensibilité aux traitements : la gonnorrhée, la syphilis, le chancre mou, les infections à chlamydia. Les problèmes liés aux MST sont importants, même si la mortalité associée est faible. En France, on estime à environ 40.000 nouveaux cas de salpingites imputables au seul chlamydia6. Transposé à la Belgique, on devrait donc sattendre à quelque 8000 cas. Avec lOMS, nous proposons comme objectif une baisse continue de lincidence des MST.
Maladies à vaccination (non traitées ailleurs) : les objectifs relatifs à ces pathologies (rougeole, rubéole, tétanos, diphtérie, ...) sont léradication (Communauté française, OMS, Healthy People 2000, Québec, France) et le maintien ou lamélioration de la couverture vaccinale (traités par ailleurs, voir 13.2, page 176). En ce domaine, les objectifs de le Communauté française (85% de couverture pour le RRO, le DTP et lHaemophilus influenzae) ne sont pas encore atteints.
La plupart de ces pathologies semblent être virtuellement éradiquées. Nous proposons comme objectif datteindre une incidence de +/- 0 en 2003 (léradication des oreillons est un objectif proposé par SESA). Il est à noter que, suite à la politique vaccinale menée ces dernières années, un accroissement de lincidence de la rougeole et des oreillons aux tranches dâges supérieures (>14ans) est à craindre7 dans les années à venir8 .
Pathologies liées aux voyages à létranger (diarrhée du voyageur, malaria, hépatite, MST, ...) : dans nos sociétés, limportance de ce problème est généralement reconnue1,2,3. Cependant, les pathologies le plus souvent en cause, ainsi que la population cible difficile à cerner font que la construction dindicateurs fiables reste aléatoire. Nous navons dès lors pas retenu dobjectifs spécifiques pour ces maladies.
Infections nosocomiales :
Ici aussi limportance du problème est généralement
reconnue. Par exemple, une incidence de +/- 600.000 a été
avancée pour la France3. Lobjectif retenu en France est une réduction
dincidence.
En Belgique, le projet national de surveillance des infections hospitalières
(NSIH) a également permis de mettre en évidence limportance
du problème : pour la période octobre 92 - septembre 95,
10.490 septicémies ont été enregistrées dans
113 hôpitaux (sur les 198 hôpitaux aigus belges). Globalement,
une létalité de 31.3% a été observée9
. Une incidence de 5.6 fois supérieure a été enregistrée
aux soins intensifs (USI) par rapport à lhôpital en général.
De plus, lefficacité de programmes de prévention dans
le domaine des infections nosocomiales a déjà pu être
mise en évidence10
.
Nous proposons dès lors comme objectif une réduction
à 10 ans de lincidence globale des septicémies hospitalières.
1 Agence de Prévention du Sida, la Prévention du Sida en Communauté française : plan guide triennal 1996-1998. , 1995.
2 Agence de Prévention du Sida, Indicateurs de l'infection au VIH et du SIDA. Ministère de la Santé de la Communauté française de Belgique, 1996.
3 LEURQUIN P, RENARD F, STROOBANT A, TAFFOREAU J,Evaluation de la prévention du SIDA, IHE 1992.
4 « Evolution de lincidence dhépatite virale aigue clinique en medecine generale en Belgique » - résultats de 1991 et 1992, IHE, janvier 1997
5 BERGHMANS L, LEVEQUE A, DEVILLE L et alii, Promo-Santé 2000, vol 1 et Vol 1 bis, janvier 1992.
6 Haut Comité de la Santé Publique, « La Santé en France : rapport général ». Paris, La Documentation Française 1994.
7 VAN DER VEKEN J, VAN CASTEREN V, Surveillance de la rougeole et des oreillons par les médecins vigies 1982-1993, IHE, 1994.
8 La baisse de lincidence globale dans la population jointe à une vaccination unique, à grande échelle, à lâge de 15 mois, depuis 1985, laisse présager dune augmentation dincidence au sein des cohortes de naissances antérieures à 1984.
9 NSIH, résultats nationaux, rapport annuel et synthèse octobre 92 - septembre 95, IHE, février 1996.
10 HALEY RW, CULVER DH, WHITE JW, MORGAN WM, EMORI TG, MUNN VP, HOOTON TM, I Am. J. Epidemiol; 1985;121;182-205. In Surveillance de Infections Nosocomiales Aux Soins Intensifs, résutats nationaux, 1er rapport de synthèse, janvier 96 - juin 96, IHE, janvier 1997.