L'indicateur 2 est le rapport entre le nombre de jeunes de 15-24 ans tués, mortellement blessés ou blessés graves au cours d'une année et la population totale de cette classe d'âges (cf. Figure 11-4). Ce taux est donc supérieur au taux de mortalité : il est nettement plus spécifique qu'un simple taux de mortalité et il est plus sensible qu'un taux d'accidents. Les données sont fournies par l'INS. L'instabilité des ventilations par classe d'âges utilisées par l'INS complique toutefois toute projection.
Nous navons pas retenu lindicateur " Années potentielles de vie perdues" . Ce dernier est très utile pour prioriser les problèmes de santé dans le cadre d'une politique globale de santé publique et permet de mettre en évidence des causes de mortalité moins incidentes mais plus précoces, donc théoriquement plus évitables. Toutefois, à priorités données, le suivi de la question de santé sera plus adéquatement réalisé par un taux brut ou standardisé de mortalité.
Le ratio des RPM consiste à diviser le ratio proportionnel de
mortalité par suicide (ou accident de la route) chez les jeunes
de 15 à 24 ans par le ratio proportionnel de mortalité par
suicide (ou accident de la route) dans l'ensemble de la population. Il
traduit le poids relatif de la mortalité par suicide (ou accident
de la route) dans ce groupe d'âges, par rapport à celui de
ce type de mortalité dans la population, toutes classes d'âges
confondues. Il permet de piloter une politique de promotion de la santé
visant à réduire le suicide et les accidents de la route,
en particulier dans ce groupe d'âges. Cet indicateur permet
de répondre à la question suivante : dans quelle mesure le
suicide (ou les accidents de la route) reste-t-il une cause spécifique
aux jeunes. La Figure 11-3 met ainsi en évidence que les jeunes,
à taux de mortalité égale, meurent six à huit
fois plus du suicide que la moyenne de la population et meurent 25 fois
plus d'un accident de la route que la moyenne de la population. Il est
à noter que ces ratio sont relativement stables .
Figure 11-3. Ratio des RPM pour le suicide et les accidents de la
route: jeunes et population totale
Figure 11-4. Taux d'accidentés graves par accident de la
circulation pour 100.000 jeunes de 15-24 ans
Figure 11-5. Ratio proportionnel de mortalité chez les 15-24
ans par Région: suicide et accidents de la circulation
Carte 11-1. Ratio de mortalité standardisé chez les
jeunes de 10 à 24: Belgique toutes causes
En théorie, quelque 5 points dans le temps devraient être actuellement disponibles (1986, 1988,1990,1992,1994). En pratique, le chercheur aura quelques difficultés à reconstituer et comparer les données : d'une part, ils semble que la variance des estimateurs soit importante d'une année à l'autre, d'autre part, à ce jour, aucune publication ou diffusion systématique et globale de ces données ne sont réalisées. Il existe des rapports partiels par thèmes. On ne peut qu'espérer une plus grande diffusion et accès à ces données. On peut noter que le Youth Risk Behaviour Survey diffuse les résultats principaux aux enquêtes sur les comportements des jeunes aux Etats-Unis sur un site internet4 accessible à tout chercheur, acteur, décideur .
L'indicateur 1 est alimenté par les résultats des enquêtes PROMES. Plusieurs éléments doivent être considérés pour apprécier l'utilité de cet indicateur. En premier lieu, la consommation régulière est définie par une fréquence d'au moins une fois par semaine ; cela est conforme à la méthodologie OMS sur les comportements des jeunes, mais diverge de la définition utilisée par le YRBS (au moins 1 fois par mois) et celle du CRIOC (une fois par jour). En deuxième lieu, les enquêtes PROMES se réalisent via les écoles, ce qui suscite deux sources de biais possibles. D'une part la prévalence de tabagisme chez les jeunes est sans doute sous-estimée du fait que les jeunes absents, désertant ou ayant abandonné l'école ont une plus grande probabilité de fumer que les autres. D'autre part, le dispositif de récolte de l'information (un questionnaire auto-administré en classe) est sujet à des effets bien connus des méthodes expérimentales dont l' effet Hawthorne (le questionnement induit une modification du résultat) et l'effet stigmate (le questionnement provoque systématiquement une sous-estimation dans des matières sensibles). Il faudrait comparer les résultats de prévalence tabagique chez les jeunes sur base des enquêtes du CRIOC (mais dont les échantillons sont actuellement trop faibles) , de l'enquête de santé par interview (en cours), afin de mieux cerner ces biais éventuels. Quoiqu'il en soit, le biais n'est pas un problème considérable en soi; la variance de l'estimateur est un problème plus inquiétant. En troisième lieu, les données disponibles permettent de souligner que l'âge de 15 ans est sans doute l'étape critique en matière de tabagisme, car c'est entre 11 et 15 ans que la croissance de la prévalence de tabagisme est la plus importante : par la suite la croissance se maintient, mais à un rythme plus lent jusque 18-19 ans. L'indicateur le plus pertinent de l'efficacité d'une politique d'éducation à la santé auprès des jeunes est donc le taux de tabagisme à 15 ans, qui est presque une mesure d'incidence, puisque les taux à 11 et 13 ans sont très faibles. Toutefois, nous ne disposons pas d'information permettant d'affirmer que ceux qui fument à 15 ans sont ceux qui fument à 18-19 ans ou plus tard encore. Pour ce faire, des études de transition devraient être développées. Il faut , enfin, noter que les estimations de prévalence tabagique chez les jeunes de 14-15 ans produites par l'Europe Contre le Cancer arrivent à des taux bien plus faibles de l'ordre de 9% pour la Belgique5 . Dans l'ensemble, les remarques ci-dessus sont valables pour les autres indicateurs de ces objectifs.
L'indicateur 5 sur la consommation de drogue requiert quelques précisions.
D'une part les données disponibles (Figure 11-10) ne sont pas toujours
homogènes, ce qui requiert une post-stratification .Toutefois ce
dernier procédé peut éventuellement corriger
le biais mais ne peut rien contre la variance de l'estimateur.
Les fortes variations entre les résultats de 1990 et ceux de 1994
(même si la dernière étude ne porte que sur la région
Bruxelloise) jettent quelques doutes sur le plan de sondage
utilisé (par grappes, deux degrés, stratifié)
. La stratification des grappes pourrait être sans doute améliorée.
Par ailleurs, il est fort probable que ce thème est beaucoup plus
exposé que les autres aux biais susmentionnés : il est particulièrement
difficile d'aborder cette problématique par questionnaire même
auto-administré. Quel est l'indicateur le plus utile en cette
matière ? Les enquêtes actuellement réalisées
ne permettent pas de piloter la problématique de la consommation
régulière de drogue, car sa prévalence est très
faible (l'échantillon devrait être beaucoup plus important
et mieux stratifié). En outre, les études réalisées
montrent que la consommation se porte principalement sur des drogues dites
"douces" (dérivés du cannabis, Ecstasy,LSD). La consommation
de drogues "dures" reste marginale. Il serait par ailleurs dangereux
d'assimiler un jeune qui essaie de la drogue avec un futur toxicomane aux
drogues dites "dures"6
.
Figure 11-7. Tabagisme régulier chez les jeunes de 15 ans
dans l'OCDE
Figure 11-8. Consommation d'alcool chez les jeunes en CFB
Figure 11-9. Port de la ceinture de sécurité en voiture
chez les jeunes en CFB
Figure 11-10. Consommation de drogues chez les jeunes
Tous ces indicateurs sont relatifs à la perception que les jeunes ont du problème en question. Il est important de considérer simultanément tous ces indicateurs avant de tirer l'une ou l'autre conclusion.
L'indicateur 2 repose sur l'échelle de symptomatologie dépressive de MOOS explicitée dans le tableau de bord en santé mentale (point 4.3.2, page 75).
L'indicateur 4 provient du même dispositif que les indicateurs
1, 2. Il est à noter que les ventilations par âge ont varié
d'une année à l'autre, de telle sorte que les trois années
qui apparaissent dans la Figure 11-11 ne couvrent pas le même
univers (13-17 en 1988, 11-17 en 1990; 11-15 en 1994). La dernière
année est puisée dans une étude comparative internationale
de l'OMS8
à défaut de publication belge. Il
Figure 11-12. Dépression chez les jeunes de 16-24 ans en
Belgique (pondération par Région)
Figure 11-13. Le sentiment de solitude chez les jeunes
Figure 11-14. Relations des jeunes avec leurs parents
La proportion des élèves n'aimant pas l'école est récolté dans un contexte délicat....dans l'école elle-même, de telle sorte que ce taux est vraissemblablement sous-estimé. Il ne traduit pas la performance du système scolaire vis-à-vis des jeunes mais plutôt leur perception de l'école par rapport à leurs attentes en général.
La proportion des élèves avec retard scolaire9 est la proportion (en %) d'élèves présentant un retard d'âge scolaire d'une année ou de deux années et plus, par régime linguistique et degré d'étude, pour l'enseignement secondaire. Le retard scolaire est défini sur base de l'année de naissance de l'enfant par rapport au niveau scolaire atteint : un enfant est déclaré "en retard" si son année de naissance est inférieure à l'année théorique correspondant à l'année de fréquentation (1984 pour la première année primaire en 1990-91 par exemple).
La notion de "retard scolaire" ne doit pas être prise au sens du redoublement des classes, mais en termes de retards d'âge simplement. La probabilité qu'il y ait une majorité de "doubleurs" parmi les élèves accusant un retard d'âge de deux ans et plus est cependant élevée; les autres cas peuvent provenir :
Les données reposent sur les déclarations des établissements
scolaires. Aucun contrôle n'est effectué. Ces données
peuvent être lacunaires ou erronées, dans une proportion non
chiffrable. En Communauté Française, une nouvelle procédure
sera mise en place en 1996-97
pour pallier ces défauts (ré-introduction de la fiche-élève
et code-barre). Les données de l'année scolaire 1992-93 sont
les chiffres estimés au 3ème jour de scolarité. Selon
le ministère, ils peuvent être considérés comme
valides, étant donné qu'il n'y a habituellement pas grande
différence entre chiffres provisoires et définitifs .
Le retard scolaire est affecté d'un net gradient socio-économique ainsi que mis en évidence par une étude récente sur la province du Hainaut10 et par la Figure 11-17 : d'une part la trajectoire des enfants d'ouvrier et de sans emploi est nettement orientée ver l'enseignement professionnel ; d'autre part, ces enfants sont beaucoup plus affectés par le retard scolaire que les enfants de catégories socio-professionnelles supérieures (employés, enseignants, cadres, professions libérales). Toutefois ces données ne sont pas disponibles en routine, car les statistiques de la CFB ne permettent plus de piloter la démocratisation de l'enseignement en dépit de l'importance de cette question. Nous ne pouvons donc retenir cet indicateur.
Figure 11-16. Aimer l'école
Figure 11-17. Retard scolaire
1 Les codes 820-825 sont relatifs à la mortalité liée aux véhicules à moteur en-dehors du trafic courant.
2 Sanomètre 2, Suicide, PROMES-ULB, 1997.
3 PREVOST M, PIETTE D, L'enquête OMS " les Comportements de Santé des Jeunes"" in Education Santé, 1990 (39) 5-7.
4 Adresse : http://www.cdc.gov/nccdphp/
5 Commission des Communautés Européennes, l'Europe contre le Cancer : les jeunes européens de 11 à 15 ans et le tabac, Bruxelles 1991.
6 DE CLERCQ M, VRANCKX A, NAVARRO F, PIETTE D, Enquête santé Mentale des jeunes de l'enseignement secondaire en Région de Bruxelles-Capitale, Plate-forme de Concertation pour la Santé Mentale pour Bruxelles-Capitale, 1996.
7 PREVOST M, PIETTE D, Le bien-être psychosocial des jeunes : résultats partiels de l'enquête sur les comportements de santé des jeunes, in Santé Pluriel, 1993 (11).
9 NEIRYNCK I, in INFOSANTE . (UCL-VUB-SSTC) : Scolarisation (Statistiques du Ministère de l'Education. Communauté française).
10 HIRTT N, KERCKHOFS JP, Déterminants
sociaux de la sélection et de l'échec scolaire : premiers
résultats d'une enquête en province du Hainaut, non publié,
1996.