Lindice CAO nest pas disponible en Belgique de manière récurrente. Un petit nombre denquêtes ponctuelles sont disponibles. Les résultats de ces enquêtes sont cependant sensiblement divergents. Ainsi, si dans certaines études le chiffre de 3.1 est avancé pour le CAO moyen en Belgique1 à 12 ans, ce qui le rapproche des objectifs de lOMS à léchelle planétaire (CAO < 3 à 12 ans), létude menée à Bruxelles et à Mouscron avance le chiffre moyen de 6.9 (+/- 3.95) pour le CAO/D à 12 ans2. Ces variations peuvent être imputées à différents facteurs : « ... le lieu et lépoque où les études ont été réalisées, lévolution des critères de diagnostic, la constitution de léchantillonnage, la différence dexaminateurs, le choix des critères de diagnostic, les différences inter/intra-examinateurs au cours dune même étude, la notion de reproductibilité, lintervention de facteurs extérieurs à létude (prévention, modifications des habitudes alimentaires et dhygiène, ...)... La plupart des études réalisées en Belgique se caractérisent par labsence de critère diagnostic précis dune part et danalyse statistique dautre part. ... »150.
A cela nous ajouterons que différents indices CAO peuvent être mesurés : CAO/D concerne les dents permanentes, CAO/F concerne les faces des dents permanentes (ce qui surévalue le problème par rapport au CAO/D), lindice peut être mesuré pour les dents temporaires, lindice peut être décomposé de différentes façons, etc.
Dans ces conditions, il est non seulement difficile de se faire une idée précise de la situation actuelle en Belgique mais également de lévolution dans le temps dun indice à ce point variable. Le suivi des processus de prévention nous semble dès lors difficile.
Notons que les comparaisons internationales basées sur lindice CAO doivent également être lues avec prudence en tenant compte des différentes méthodes utilisées150.
Dans la mesure où lobjectif pourrait être placé à CAO < 2 à 12 ans comme le suggère l'OMS-Europe, il serait nécessaire de préciser davantage cet indicateur pour pouvoir formuler dune façon acceptable un objectif quantifié à long terme (critères diagnostic, ...).
Le taux dédentés entre 35 et 44 ans est parfois retenu comme indicateur (au Québec, par exemple). Cet indicateur, mesurant le résultat à long terme des caries et des parodontolyses, ne nous semble pas suffisamment réactif pour pouvoir piloter à moyen terme (+/- 10 ans) des processus de prévention bucco-dentaire essentiellement orientés vers les jeunes. Des mesures efficaces de prévention touchant demblée lensemble de la population (fluoration de leau) pourraient peut être avoir un effet à moyen terme sur le taux dédentés (par exemple pour les plus de 65 ans). Lenquête de santé de lISP pourra nous fournir de plus amples informations concernant les taux dédentés. Pour la Belgique, nous navons pas, à ce jour, dobjectifs clairement formulés dans ce domaine; de plus des mesures telles que la fluorose de leau pourraient rencontrer des problèmes pour être acceptées en Belgique.
1 KOSTLAN J, Les services de santé
bucco-dentaires en Europe. Publications régionales, série
euuropéenne n°5. Copenhague : OMS, 1981; IN 152
2 VAN NIEUWENHUYSEN JP, « Etat
bucco-dentaire dune population scolaire âgée de 5 à
21 ans et effet de la fluoruration », thèse présentée
pour le Doctorat en Science Dentaire, Université Catholique de Louvain,
1990