Les objectifs concernent des variables relatives à l'état,
aux facteurs et aux services de santé de notre Communauté
et doivent satisfaire trois groupes de conditions : épidémiologiques,
stratégiques et politiques.
2.4.1 Conditions
épidémiologiques.
Les objectifs doivent pouvoir être suivis par des indicateurs
disponibles en routine et satisfaisants en termes de sensibilité,
spécificité, validité et fiabilité. Certains
problèmes de santé, comme par exemple la maltraitance infantile,
ne sont pas pilotables à l'heure actuelle, car les données
disponibles reflètent essentiellement l'utilisation des services.
Dans de nombreux cas, des enquêtes ponctuelles permettent d'établir
une prévalence ou une incidence pour des publics spécifiques,
mais sans garantie de la pérennité de l'enquête : l'indice
CAO en matière de santé bucco-dentaire, le body mass index
pour l'obésité, l'espérance de vie en bonne santé
des personnes âgées sont quelques exemples d'indicateurs non
disponibles en routine et donc difficilement intégrables dans ce
travail, ce qui ne préjuge toutefois pas de leur importance en termes
de santé publique. Idéalement, les indicateurs devraient
être disponibles par Région, ce qui est la cas pour les données
de mortalité grâce au logiciel SPMA, lequel permet une analyse
des causes de mortalité jusqu'aux arrondissements. Ce n'est
toutefois pas le cas pour tous les indicateurs. L'absence de données
propres à la CFB ne nous a pas amenés à rejeter l'indicateur.
2.4.2. Conditions
stratégiques.
Il doit exister des services ou des programmes de santé (éducation
santé, dépistage, réglementation,...) qui rendent
vulnérables le problème de santé en question, même
si de tels services ne sont pas toujours parfaitement ancrés en
CFB. Ce sont en général les évaluations de programme
et les méta-analyses qui permettent de répondre à
cette question.
En outre, l'objectif doit être cohérent avec la mission,
les compétences formelles et les métiers de la Communauté
française ou des acteurs collaborant avec elle. C'est pourquoi
les objectifs proposés ici relèvent en général
de la prévention primaire et secondaire d'ordre collectif et/ou
de publics spécifiques de la CFB, notamment les enfants et les jeunes.
2.4.3. Conditions
politiques
Il ne suffit pas qu'un objectif dispose des propriétés
épidémiologiques et stratégiques souhaitables; encore
faut-il qu'il soit politiquement identifié, ce qui implique l'existence
d'un ou de plusieurs acteurs institutionnels ayant identifié et/ou
pris en charge cet objectif, que ce soit formellement ou non. Le
plan coordonné pour l'enfance, le tableau de bord de l'ONE, le tableau
de bord de l'Agence Sida, les consensus de l'ex-CCCPS dans le domaine cardio-vasculaire,
les livres blancs des acteurs investis dans la santé (celui des
PMS libres, celui de la Fares sur le tabagisme, celui sur le cancer) sont
des matériaux qui facilitent cette identification, souvent en relation
avec les deux autres propriétés. Lorsque l'objectif
a été repris d'une autre institution, le document source
sera mentionné. Dans certains cas, des interviews de
décideurs ont permis de faire avancer cette identification.
Certes, dans une démarche classique, le tableau de bord s'assied
sur une identification globale, formelle et concertée des objectifs.
C'est la démarche entreprise en France, en Flandre, au Québec
et aux USA, que ce soit via des institutions dûment habilitées
(comme le Haut Commissariat en France, le VIG en Flandre ) ou de techniques
de création de consensus (type Delphi ou planification stratégique).
Une telle démarche doit sans doute avoir lieu également dans
notre Communauté, via le Haut Conseil en Promotion de la Santé
(HCPS) dont c'est la vocation. La mise à disposition du présent
tableau de bord dans les mains du HCPS permettra d'avancer dans cette direction.
Plusieurs raisons justifient un tel processus :
La proposition du présent tableau de bord ne constitue dès
lors que le début d'un processus plus large, visant
a) à favoriser par concertation les conditions d'un consensus
autour d'une version remaniée du TB;
b) à permettre graduellement une appropriation formelle de ces
objectifs par les acteurs de terrain, discutant ensuite des stratégies
les plus pertinentes en vue de les atteindre. A cet égard,
le présent TB constitue un input parmi d'autres, tels
HFA, les systèmes de surveillance de l'ISP et diverses études
ponctuelles.
Cependant, la dilution, le partage et le chevauchement des compétences
formelles ne permettent pas de centraliser l'identification des objectifs
en ce qui concerne l'ensemble de la problématique de la santé.
Cela est clair en matière de prévention du cancer du poumon
par exemple : celle-ci relève autant du fédéral
(via les taxes et la législation sur la publicité) que de
la CFB (via l'éducation à la santé) .