Résumé

 

Ce travail a pour objectif de fournir à la Communauté française de Belgique (CFB) une clé de répartition géographique des ressources aux diverses zones couvertes par les Centres Locaux de Promotion de la Santé, dans le cadre des compétences communautaires en promotion de la santé organisées dans le décret de juillet 1997. Le support financier a été assuré par la CFB via la Fondation Saint-Luc, durant l'année 1997-1998.

Il montre que la réflexion et le développement de méthodes d'allocation des ressources poursuit des objectifs d'équité et d'efficience dans l'allocation des ressources et que de nombreuses expériences similaires ont été réalisées dans le secteur curatif ou préventif dans divers pays de l'OCDE .

L'élaboration de cette formule repose sur un matériau relativement neuf : des données, à un niveau communal, concernant la mortalité, la morbidité, les facteurs sociaux, l'offre et l'utilisation de services de santé . Elle fut élaborée en recourant à des modèles explicatifs de la mortalité et de l'hospitalisation en Belgique suivant en grande partie la méthodologie britannique .

La recherche a tout d'abord mesuré la corrélation spatiale de la mortalité, de la surcharge pondérale, de l'hospitalisation et des facteurs sociaux. La corrélation spatiale est la mesure dans laquelle une valeur d'une commune est liée aux valeurs des communes contiguës. Elle montre que cette dernière est particulièrement importante pour la mortalité toutes causes, pour les bronchites chroniques obstructives, pour le suicide, les accidents de la route, les chutes et la cirrhose du foie . L'ancrage spatial est également important pour l'admission hospitalière ce qui traduit la spécificité géographique de la morbidité ou des pratiques de soins. Ces observations démontrent la nécessité d'une approche focalisée pour ces problématiques de santé . Une trentaine de cartes sont produites pour des causes de mortalité vulnérables à de la prévention primaire ou secondaire, pour la surcharge pondérale ainsi que pour certains facteurs sociaux .

Le taux de mortalité toutes causes confondues d'une commune est stable dans le temps d'une période à l'autre ; par contre , pour des causes spécifiques , il est relativement instable d'une période à l'autre sauf pour la cirrhose du foie, les accidents de la route, les bronchites chroniques et le suicide . Par contre, la proportion de jeunes hommes affectés de surcharge pondérale est, quant à elle, relativement stable dans le temps. Toute formule d'allocation fondée sur des données de mortalité doit donc s'asseoir sur des données couvrant une période relativement longue, être régulièrement ajustée ou ne s'en tenir qu'à la mortalité toute causes confondues.

Le modèle explicatif de la mortalité et de l'utilisation des services de santé mettent en évidence deux résultats importants : d'une part, le poids de facteurs sociaux sur la mortalité et la morbidité et, d'autre part, la relation entre les variables de l'offre médicale et l'hospitalisation .

Le poids de facteurs sociaux sur la mortalité est important puisque 58% de sa variance est rendue compte par la proportion de ménage ne disposant pas de voiture, le revenu médian, la proportion de ménages monoparentaux , la proportion de jeunes de l'enseignement professionnel et l'exiguïté du logement . Certaines causes de mortalité tel que la cirrhose du foie, les affections ischémiques . L'hospitalisation est, quant à elle, influencée par l'offre de spécialiste et par la mortalité . Mais la faible capacité explicative de l'hospitalisation (26%) rend actuellement fragile toute allocation des ressources fondées sur l'hospitalisation .

Après avoir estimé le modèle, trois indices de besoins relatifs sont calculés et produisent des différences significatives entre les 10 groupes d'arrondissements mentionnés dans le décret de juillet 1997. Une première formule, fondée sur l'impact de la mortalité et des facteurs sociaux sur l'hospitalisation, produit un indice de besoins relatifs par tête d'habitant oscillant entre 95 et 102; la deuxième formule, fondée sur les facteurs sociaux de la mortalité, débouche sur un intervalle de besoins relatifs allant de 91 à 107; enfin, l'indice fondé sur la seule mortalité prématurée (<65ans) varie de 83 à 107 par habitant. En pondérant les indices par la population de chaque entité géographique, on obtient des parts budgétaires qui peuvent servir de référence dans l'allocation des ressources au niveau local .

Enfin, pour la première fois en Belgique, des données de mortalité par cause sont présentées au niveau communal ce qui permet d'appréhender la distribution géographique de pathologies spécifiques de manière beaucoup plus fine ouvrant ainsi la voie à des interventions plus focalisées .